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Histoire

Dès le Moyen-Age et comme dans toute l’Europe, les étudiants strasbourgeois  sont organisés en associations de natures diverses : des « Nationes » regroupant des jeunes gens originaires d’un même pays, des « ordres », des cercles théologiques ou scientifiques etc. Ainsi, des étudiants en théologie, unis auparavant au sein d’une chorale ou « Singkränzel », fondent en 1855 une corporation d’essence chrétienne : la WILHELMITANA. Dans ses pratiques, elle  s’inspire des traditions estudiantines germaniques, très présentes à Strasbourg dès le début du 19è siècle et caractérisées entre autres par le port d’une casquette et d’un cordon aux couleurs de la corporation.

La deuxième guerre mondiale marque la fin des anciennes corporations étudiantes strasbourgeoises, l’occupant nazi les obligeant à se dissoudre. A leur place, il crée des « Kameradschaften » aux visées clairement politiques. Après guerre, seule la Wilhelmitana est reconstituée par ses anciens membres sous la forme d’un « cercle académique » avec pour objectif « le développement spirituel et intellectuel des membres, jeunes et  anciens, sur la base d’une amitié durable nourrie des principes chrétiens et libéraux » (Wolfram Zink, président de la Wilhelmitana durant de longues années). Le choix est cependant alors fait d’abandonner en grande partie l’ancienne tradition germanique pour se fondre dans un environnement où seules les traditions estudiantines  françaises, dont les Faluchards, s’offrent dorénavant aux étudiants strasbourgeois. Toujours quelque peu active en ce début de vingt et unième siècle, la WILHELMITANA aura donc ainsi perduré sous une forme, une autre jusqu’à nos jours,.

Le programme Erasmus est une opportunité pour les étudiants de passer quelques temps dans une université étrangère. C’est par ce biais que trois étudiants autrichiens arrivent à Strasbourg en 1992. L’atmosphère cordiale de leur association autrichienne, la SEVERINA à Linz, leur manquant, ils créent une association similaire à Strasbourg. Les trois autrichiens optent pour le nom ALSATIA et un ruban orange-violet-orange sur fonds noir. Le « Cercle d’Etudiants ALSATIA » est porté sur les fonds baptismaux le 25 septembre 1992 en présence de représentants de la Fédération des Associations d’étudiants catholiques d’Autriche (ÖCV), de la Fédération des étudiants catholiques de Flandres (KVHV), de la Fédération des associations catholiques d’étudiants en Allemagne, du Bureau de la Fédération des associations d’étudiants catholiques d’Allemagne (CV), du Cercle d’Offenbourg des Anciens du CV ainsi que de quelques étudiants de Karlsruhe, membres du CV. A cette occasion, Roland Schauer surnommé Columbus, le président-fondateur, souligne le caractère européen du Cercle d’Etudiants ALSATIA dont l’objectif est de réunir des étudiants de différents pays inscrits à Strasbourg. Parmi les autres membres fondateurs, on compte Armin Obermayr, Paul Saey, Silvano Zampolli dei Curt et Wilfried Lohn.

Fin 1992, ALSATIA compte déjà douze « Actifs » (membres étudiants), dont plusieurs étudiants français. A la 107è Assemblée Générale du CV allemand, tenue à Berlin en 1993, le CV conclut un accord d’amitié avec l’ALSATIA, permettant aux membres des associations du CV d’adhérer à celle-ci. La même année, des accords similaires sont négociés avec les fédérations autrichiennes (ÖCV) et suisses (SchwStV). De même, ALSATIA est acceptée au sein de la Fédération européenne des associations confessionnelles d’étudiants (Europäischer Kartellverband). Plusieurs diplômés d’université, déjà membres du CV ou KV allemand, acceptent d’adhérer et constituent ainsi le premier groupe d’Anciens. Le professeur Peter Martin Litfin, surnommé Chagall, membre du CV, en devient le Senior (président). Pour sa part, l’Abbé Criqui, Aumônier militaire catholique de l’Eurocorps, assure jusqu’à sa retraite l’accompagnement spirituel de l’association et accueille ses activités dans les locaux de l’aumônerie.

En 1994 et 1996, ALSATIA fête de manière très réussie l’anniversaire de sa création (« Stiftungsfest »), festivités auxquelles sont invités deux membres de l’ancienne corporation catholique strasbourgeoise Alsatia, créée en 1926 et disparue avec le début de la seconde guerre mondiale. C’est cette homonymie avec l’ancienne Alsatia qui va rendre notre corporation quelque peu suspecte. En effet, l’ancienne Alsatia avait, semble-t-il, eu une orientation fortement autonomiste dans l’entre-deux-guerres, chose parfaitement inconnue des fondateurs de la nouvelle ALSATIA. Afin de rendre plus lisible notre engagement libéral et européen, ceux-ci, soit J. Opritesco (Senior des Actifs), P. Litfin, M. Nagler, S. Zampolli, E. Gresser, E. Mousson-Lestang, H. Schreck et W. Lohn, décident donc le 26 juin 1996 de rebaptiser la corporation, en honorant à la fois un père de l’Europe, Robert SCHUMAN, et Strasbourg, capitale de l’Alsace et de l’Europe. Notre corporation s’appellera dorénavant ROBERT SCHUMAN ARGENTORATA (RSA) et les couleurs de l’Europe composeront les siennes.

Dans les années qui suivent, les effectifs de la RSA fluctuent fortement, ce qui n’empêche cependant nullement l’organisation régulière des deux grandes fêtes annuelles : l’anniversaire de notre fondation (« Stiftungsfest ») et la fête de Noël (« Weihnachtskneipe »). Le nombre d’Actifs se maintient à un niveau suffisant et les anciens, principalement H. Schreck, M. Nagler et M. Vorbeck, assurent la cohésion de l’ensemble.

Le 16 octobre 1999, un colloque du EKV est accueilli à Strasbourg, un événement marqué par une soirée officielle très réussie au restaurant « Le Canon ». Le Stiftungsfest 2000 est organisé le 15 avril dans la maison de la WILHELMITANA au Quartier des Quinze. A l’automne de la même année, W. Lohn élabore notre premier site internet et des contacts sont pris avec le Professeur strasbourgeois M. Mattoug, membre la de T! Hansea Bielefeld, ville allemande où il fit ses études. En 2001, six étudiants français et six allemands composent le groupe des Actifs. Durant l’été de la même année, H. Schreck publie le premier numéro de notre bulletin d’information.

En février 2002, Miro Barukcic de Fribourg (Suisse) vient poursuivre ses études à Strasbourg. Très rapidement, il entre en contact avec les Anciens de la RSA qui lui proposent de reprendre l’animation du groupe des Actifs. Miro mène sa tâche de manière efficace puisqu’il présente un nombre important de nouveaux Actifs dès le Stiftungsfest 2002. Le 28 septembre de la même année, c’est le Professeur M. Mattoug qui rejoint nos rangs, à l’occasion d’une cérémonie à l’Aumônerie militaire où le cordon de la RSA lui est remis.

Bien que rentré en Suisse, Miro continue à prodiguer ses conseils et son appui aux Actifs. O. Pernet succède à Miro comme Senior des Actifs et organise à ce titre le Stiftungsfest  2003 sur le domaine viticole de ses parents à Dambach-la-Ville, auquel participe une importante délégation de corporations helvétiques.

En août 2003 paraît le deuxième bulletin de la RSA. La même année, l’Abbé Criqui entame une retraite bien méritée mais, de fait, nous ne bénéficions plus des locaux de l’aumônerie militaire. En novembre, la RSA doit déplorer le décès de son ami W. Zink, Président de la WILHELMITANA durant de longues années. Le 12è Stiftungsfest est organisé dans le cadre du colloque du EKV (avril 2004), fête à laquelle participent, par l’entremise de M. Mattoug, plusieurs Faluchards. Maximilien Muller est le premier d’entre eux à recevoir le cordon de la RSA (26.11.2004).

Le 13è Stiftungsfest est organisé pour la première fois dans la « K’fet des sciences » de l’Université Louis Pasteur en présence de nombreux Faluchards. E.Gresser assume dorénavant la fonction de Senior des Anciens, M. Mattoug celle de consenior/Vice-Senior des Anciens et M. Muller celle de Senior des Actifs. Le 18 novembre 2005, la RSA et les Faluchards organisent le 1er Banquet européen des traditions estudiantines à Strasbourg. En janvier 2006, la RSA est invitée par la SEVERINA Linz à participer au bal annuel du CV dont le thème cette année-là est « Paris danse à Linz ».

A l’occasion du 14è Stiftungsfest en avril 2006, quatre Füxe (membres en période probatoire) sont accueillis au sein de la RSA.

En 2007, un programme d’activités bilingue est édité. Nos Actifs se rendent à nouveau au bal du CV à Linz et participent au Stiftungsfest de corporations à Heidelberg et Munich. Le Banquet européen de fin d’année est à nouveau un succès.

En 2008, Cem Ulu succède à Max Muller au poste de Senior des Actifs, dont le groupe s’est à présent bien renforcé et organise de nombreuses activités destinées à entretenir les relations entre les membres. Ces activités sont dorénavant reprises dans un programme officiel bilingue, en couleur et au format de poche, diffusé largement. Fin 2008, la RSA contribue de manière significative au succès du Banquet européen des traditions estudiantines, auquel participent de nombreuses associations étudiantes françaises, allemandes, suisses, luxembourgeoises, belges, italiennes et espagnoles.

J. Klamecki  succède en 2008 à Cem Ulu au poste de Senior des Actifs. La RSA compte à cette époque six Füxe.

Le 17è Stiftungsfest des 8-9 mai 2009 est organisé, grâce au soutien de G. Hentz, membre de la WILHELMITANA, dans l’ancienne maison de celle-ci au Quartier des Quinze. De nombreux invités en provenance notamment de Düsseldorf et d’Offenbourg y participent. Le discours officiel est prononcé par Jean Cyr DARBY sur le thème « La Wilhelmitana : 150 années de tradition tournées vers l’avenir ». M. Mattoug devient Senior des Anciens, assisté de Jean Cyr Darby (Consenior / Vice-Senior), H. Schreck (Secrétaire) et M. Vorbeck (trésorier). Du côté du groupe des Actifs, Th. Chapouthier est nommé Senior.

Les objectifs et les idéaux européens de notre corporation sont les mêmes depuis sa création : elle contribue à son niveau à l’enracinement du monde estudiantin strasbourgeois dans l’idée européenne et à l’échanges des connaissances sur les différentes traditions estudiantines. Le groupe des Actifs, dorénavant à composante majoritairement alsacienne et française, a ainsi repris à son compte les traditions estudiantines germaniques et leur a, par ce biais, offert une seconde vie à Strasbourg, ville au confluent des cultures latine et germanique.

H. Schreck – Août 2009 (Trad. et adapt. françaises : JC Darby).